SUR LE DEPART

2019 - Théâtre, Mise en scène, Jeu

Sur le départ est l’histoire d’un homme politique à la fin de son mandat. Quittant le pouvoir après une vie entière passée dans la politique et à la tête de l’état, il doit faire face à une nouvelle vie où le pouvoir et l’influence ne sont plus. Rattrapée par ses manigances du passé, manipulé par ses adversaires, utilisé par les médias et refusant de croire à la perte de son soutien populaire, ce politicien sur le départ illustre les réalités d’un monde politique et la difficulté de le quitter indemne.

​Sur le départ présente un monde politique absurde mais aussi très réel et universel. Ainsi les classiques se mêlent au récit avec des passages entiers empruntés à Shakespeare ou Tchekov. Un Roi Lear apparait, perdu dans son royaume en ruine, un déclin vers la folie d’un ancien chef d’État. Une noblesse qui dégénère et disparait au travers des thèmes de la Cerisaie. Le tout forme un texte qui interroge les personnes publiques et politiques. Qu’arrive-t-il à ceux qui perdent le pouvoir ?

​Mais il s’agit bien plus qu’un simple récit, Sur le départ est une réflexion sur le théâtre, sur la mise en scène et les acteurs, une sorte d’introspection du dramaturge sur l’écriture de son œuvre - le pouvoir d’un auteur sur son œuvre et ses personnages. C’est ainsi que le spectacle interrompu régulièrement avec l’auteur entrant sur scène, figeant l’action et les acteurs. Mais cet auteur est nul autre que Vaclav Havel - à la limite du réel et de l’absurde, il partage avec le public ses remarques et réflexions sur sa pièce, mais aussi sur sa riche expérience de vie. Avec une expérience de vie au mélange curieux de dissident, politicien et dramaturge, que peut-il bien nous apprendre ?

​Sur le départ c'est donc deux histoires en parallèle, celle racontée par l'auteur, et celle de l'auteur lui-même, le fascinant Vaclav Havel.

Vaclav Havel à connu plusieurs phases dans sa vie, et sa période d’écriture dramaturgie s’étend principalement entre 1960 et 1989 en parallèle de son opposition au régime communiste, avant d’être remplacé par une phase de politique en tant que président à la tête du pays entre 1989 à 2003, durant laquelle il n’a plus écrit pièce de théâtre. Il semble donc clair que l’une des motivation et inspiration de Havel a été la lutte de son pays pour se libérer du joug de la dictature communiste et à atteindre la liberté. Chose faite, il s’est alors concentré sur la reconstruction du pays ou, il semblerait que l’écriture théâtrale ne trouvai plus sa place. Alors lorsque Havel reprend la plume en 2007 et écrit sa pièce Sur le départ (Odcházení) ou La comédie du pouvoir, on s’interroge : qu’à t-il à nous transmettre ? Presque vingt ans après sa dernière pièce, alors qu’il a 71 ans et une expérience de vie avec ce mélange curieux de dissident, politicien et dramaturge, que peut-il bien nous apprendre ? Qu’est-ce que Vaclav Havel a-t-il décidé de laisser comme héritage avec l’une des dernières traces écrites ?

"Je m’intéressais — et de fait, je m’intéresse toujours — à la nature plus générale et existentielle des choses. Je m’intéressais à savoir comment il se fait que lorsqu’une personne perd du pouvoir, elle perde aussi le sens de la vie ? Pourquoi le pouvoir a-t-il un tel charisme pour certaines personnes que sa perte signifie pour elles l’effondrement de leur monde ?"

Vaclav Havel

Mise en scène : Marek M. Chojecki
Distribution : Baptiste Antoniazza, Matteo Cirri, Valentine Cuénot, Benjamin Davis, Lou Haefliger, Axel Matthey, Maxime Mellina, Sophie Müller
Lumière : Karin Schreiber-Panchaud
Percussions : Wojtek Swiatkowski
Graphisme : Tamarine Schreiber
Production : Cie Acte V
Soutiens : Théâtre La Grange de Dorigny, UNIL, AEL, FAE

04.2019 - Théâtre Grange de Dorigny - Lausanne

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